Les travailleurs et les travailleuses de la santé avec expérience vous le diront : l’hôpital la nuit est un autre monde. Un calme se fait ressentir lorsqu’il ne reste que le personnel de soins et les client·es en milieu hospitalier.
Il ne faut toutefois pas se laisser flouer par l’atmosphère paisible! Instabilité hémodynamique, ratios augmentés et personnel limité font partie intégrante de la réalité des infirmières et des infirmières auxiliaires de nuit.
Elles doivent posséder un jugement clinique aiguisé et faire preuve de débrouillardise quotidiennement pour assurer la surveillance clinique de leurs client·es, tout cela en ayant un mode de vie allant à l’encontre du rythme circadien.
Comment réussissent-elles à vivre, survivre et même apprécier le travail de nuit?
Les personnes travaillant de nuit dorment en moyenne 1,5 à 2 heures de moins que celles travaillant de jour ou de soir.
Les hypothèses soulevées pour expliquer ce phénomène incluent les distractions et bruits présents le jour, le rythme de vie familial, la moindre qualité du sommeil diurne et l’absence d’une routine de sommeil stable.
Plusieurs éléments peuvent contribuer à éviter la dette de sommeil.
Le sommeil
La routine et l’horaire de sommeil de chaque infirmier ou infirmier auxiliaire de nuit est différente. De façon générale, il est suggéré de dormir dans un pièce sombre et fraiche et de contrôler le niveau de bruit.
Ces modalités peuvent être soutenues par l’utilisation de bouchons, l’achat de rideaux opaques, l’utilisation de machine à bruit blanc et la mise en marche de la climatisation en été.
Le sommeil peut être continu ou fragmenté. En fonction de leurs horaires et de leurs obligations, les infirmiers ou infirmiers auxiliaires de nuit peuvent dormir plusieurs heures continues le matin au retour du travail ou plus tard dans la journée. Dans d’autres cas, ils préfèrent dormir quelques heures le matin, se réveiller en début d’après-midi et dormir à nouveau juste avant le travail.
Chaque option est valide et aucune d’entre elle ne présente d’avantages considérables sur la qualité du sommeil. La transition vers le travail de nuit oblige souvent de tenter chaque option afin de déterminer celle qui offre une meilleure qualité de vie.
L’exposition à la lumière
La lumière joue un rôle important dans les cycles éveil-sommeil de l’humain. Il ne faut donc pas négliger la façon dont les personnes travaillant la nuit s’exposent à la lumière.
Avant le quart de nuit : exposez-vous!
En début de quart de travail, être exposé·e à la lumière vive peut contribuer au sentiment d’éveil et à la vivacité d’esprit. Installez-vous donc à un endroit bien éclairé dans les premières heures de la nuit.
Après le quart de nuit : cachez-vous!
Au moment du retour à la maison, assurez-vous de porter des lunettes de soleil afin d’éviter un sentiment d’éveil qui peut interférer avec le sommeil diurne.
L’alimentation
Que manger et surtout, à quel moment?
Une chose est certaine : l’alimentation est primordiale pour la vivacité d’esprit du personnel de nuit. Il n’existe pas de formule qui convienne à tous·tes, mais il est généralement recommandé de consommer un repas complet avant le quart de travail.
Durant la nuit, il serait conseillé de manger de 3 à 4 heures après le début du quart de travail. Les repas incluant des glucides complexes et des protéines sont à privilégier pour soutenir les besoins énergétiques jusqu’à la fin de la nuit. Les collations et repas à indice glycémique élevés sont à proscrire pour éviter l’hypoglycémie de rebond et la fatigue qui l’accompagne.
L’hydratation n’est pas à oublier dans le bienêtre des infirmières et les infirmières auxiliaires de nuit. Ne pas étancher sa soif peut résulter en une fatigue plus importante et des difficultés de concentration.
Finalement, il est possible de ressentir plus intensément la faim en travaillant la nuit. Il importe de répondre à ce besoin par des collations et des repas plus fréquents.
L’exercice physique
Comme pour toute personne, l’exercice physique est recommandé pour les infirmiers et les infirmiers auxiliaires de nuit. Il peut contribuer à réguler le sommeil et la faim et constitue un atout à un mode de vie sain.
Les infirmières et les infirmières auxiliaires de nuit qui choisissent d’en pratiquer auraient avantage à le faire avant le quart de travail et non le matin au retour de celui-ci.
En somme, le travail de nuit fait souvent partie de la trajectoire professionnelle des infirmiers et des infirmiers auxiliaires. Que ce soit une transition courte avant d’aspirer à un autre horaire ou un choix à long terme, ce contexte de travail requiert de porter une attention particulière à son bienêtre physique et mental.
Malgré les obstacles identifiés, il offre la possibilité d’avoir un peu plus de temps à accorder aux client·es, un peu plus de temps pour assimiler les modalités liées à un nouveau milieu de travail et la possibilité des tisser des liens plus serrés avec l’équipe de travail.
Les travailleurs et travailleuses nuit les plus aguerri·es diront qu’on retrouve un certain confort à travailler dans l’atmosphère paisible de nuit avec dans une équipe où l’entraide est essentielle. C’est une expérience à tenter!
Références
Dumont, M. (2018). Mieux vivre avec le travail de nuit : Outil interactif en ligne, publications de l’Université de Montréal. Repéré à : http://formations.ceams-carsm.ca/travailleurs_de_nuits/
Metlaine, D., Leger, D., Esquirol, Y. (2018). Surveillance et prévention des conséquences du travail poste et de nuit : état des lieux et recommandations, Groupe consensus chronobiologie et sommeil de la Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS), La Presse médicale, 2018, vol.47, n°11-12, pp. 982-990
Neil-Sztramko, S. E., Pahwa, M., Demers, P. A. et Gotay, C. C. (2014). Health-related interventions among night shift workers: A critical review of the literature. Scandinavian Journal of Work, Environment & Health, 40(6), 543-556