Travailler pour une agence de placement infirmier: est-ce un bon plan?

Mise à jour

La profession infirmière comporte des avantages indéniables.

Mais, soyons honnêtes, elle présente également quelques inconvénients, en particulier en ce qui concerne les conditions de travail.

Les infirmières possèdent toutefois un petit luxe: celui de pouvoir choisir soigneusement leur milieu de travail. 😏

Un vaste éventail d’opportunités s’offre à elles, allant des nombreuses spécialités cliniques aux domaines tels que la santé communautaire, la santé publique, les soins hospitaliers et ambulatoires, l’enseignement, la gestion, la télémédecine, et la recherche. Les infirmières ont la liberté de sélectionner un milieu de travail qui les passionne et qui correspond à leurs intérêts.

Nous en entendons tous parler: plusieurs infirmières et infirmières auxiliaires quittent le milieu public au profit du milieu privé.

Certains applaudissent leur décision affirmée de 👏 prioriser 👏 leurs 👏 propres 👏 intérêts, tandis que d’autres les critiquent pour abandonner le navire en plein naufrage.

Mais au-delà des opinions, examinons les faits. 👀

Les agences de placement

Les agences de placement fournissent du personnel de soins qualifié à ses clients, soit les établissements de santé.

En d’autres termes, elles mettent à disposition de la main-d’œuvre indépendante (MOI) pour permettre à ces établissements de maintenir la continuité de leurs opérations.

Elles font partie des options permettant aux infirmières d’obtenir des conditions de travail différentes de celles des milieux publics.

Mais attention, cela demande une dose de flexibilité et d’expérience. 🤸‍♀️

En travaillant pour une agence, les infirmières peuvent se retrouver dans différents environnements de soins en fonction des besoins. Elles doivent donc être capables de s’adapter rapidement. Cela nécessite généralement quelques années d’expérience dans le secteur public.

Consultez notre article sur le salaire des infirmières dans le secteur public.

Voyons maintenant le sujet qui attire tant l’attention: le salaire.

Le salaire des infirmières en agence

Le travail en agence présente un avantage important: la rémunération.

Dans la région de Montréal, une infirmière travaillant en agence peut gagner entre 50 $ et 75 $ par heure, voire plus (en gardant à l’esprit qu’il est toujours possible de négocier son salaire dans le secteur privé).

Le salaire peut augmenter en fonction des spécialités, de l’expérience et de la région. Des primes intéressantes existent pour les infirmières travaillant en régions éloignées.

Certaines infirmières peuvent même atteindre des salaires horaires dépassant les 100 $. À titre de comparaison, une infirmière clinicienne atteint un salaire horaire de 47,98 $ lorsqu’elle se trouve au dernier échelon salarial de la convention collective dans le milieu public.

La Loi 10 va changer la donne de plusieurs manières, car son objectif est de restreindre l’utilisation des agences. De plus, elle inclut la mise en place d’une tarification horaire maximale. Pour en savoir plus, consultez cette section de l’article.

Il ne faut toutefois pas se leurrer – une rémunération attrayante dans le secteur privé peut s’accompagner de certaines contraintes fiscales.

L’impôt sur le revenu d’une personne salariée est toujours prélevé à la source. Directement sur chaque paie. Ce qui simplifie les choses.

Dans le secteur public, les infirmières exercent leur profession en tant que salariées.

En ce qui concerne les agences, les infirmières peuvent aussi être salariées, ce qui implique un prélèvement à la source de l’impôt, similaire à la situation dans le secteur public.

Cependant, elles ont également la possibilité de travailler en tant que contractuelles ou « travailleuses autonomes », auquel cas elles reçoivent une rémunération sans retenues d’impôts à la source et doivent anticiper le paiement de l’impôt ultérieurement. Pour rappel, l’impôt représente jusqu’à 39,6 % (taux effectif) de l’ensemble du revenu imposable.

Pour illustrer cela, prenons l’exemple d’une rémunération annuelle de 100 000 $. Dans ce cas, il faudra prévoir environ 27 000 $ pour le paiement de l’impôt. Il faudra donc mettre de côté cette somme pour éviter des surprises désagréables à la fin de l’année.

Il en va de même pour le fonds de pension. Certaines agences contribuent à l’épargne pour la retraite alors que d’autres non. Les infirmières qui travaillent en agence de placement doivent donc généralement prévoir par elles-mêmes un plan d’épargne pour leur retraite. 👵🏽

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Nos mises en situation font appel au jugement clinique et peuvent être très utiles pour les questions posées en entrevue.

Exercez-vous

Les horaires des infirmières en agence

Parlons un peu d’horaires. Les agences de placement ont souvent des horaires plus flexibles. Les infirmières peuvent généralement indiquer leurs préférences, et les missions leur sont proposées en conséquence.

Toutefois, l’attribution des quarts de travail en fonction des intérêts n’est pas garantie dans toutes les agences de placement.

En agence, les contraintes typiques du secteur public, comme les week-ends de travail obligatoires, les quarts rotatifs ou les temps supplémentaire obligatoires, sont rares, voire inexistantes.

L’infirmière qui souhaite faire le saut vers une agence doit s’informer sur les heures garanties. Dans certains cas, il n’est pas possible de garantir des heures, ce qui peut occasionner une instabilité du revenu.

Les infirmières incorporées

Les infirmières oeuvrant dans le secteur privé choisissent parfois de créer leur entreprise individuelle (”travail autonome”) ou de constituer une société par actions (”incorporation”).

Dans les deux cas, elles passent de salariées à prestataires de services pour les agences (c’est-à-dire que les agences deviennent leurs clients), leur permettant de fixer elles-mêmes leurs tarifs (en théorie).

La loi 10 interdira aux agences de placement de fournir les services d’une personne qui n’est pas liée par un contrat de travail. En d’autres termes, les infirmières d’agences devront être salariées de celles-ci. Pour en savoir plus au sujet de la Loi 10, consultez cette section de l’article.

Certaines infirmières décident aussi de travailler comme main-d’oeuvre indépendante pour leur propre agence de placement. Dans ces cas, elles font affaire directement avec les établissements, sans passer par une agence tierce.

Il n’est pas rare que les infirmières travaillant de manière indépendante gagnent plus que leurs homologues salariées en agence.

L’incorporation présente l’avantage d’une réduction de la charge fiscale. Au Québec, les taux d’imposition sur le revenu varient de 0 % à 53,31 % pour les particuliers et les travailleurs autonomes, tandis que les sociétés incorporées sont soumises à des taux variant de 13 % à 26,5 %.

En revanche, les infirmières souhaitant s’incorporer doivent prendre en compte les coûts initiaux liés à l’incorporation ainsi que les dépenses continues telles que les honoraires d’un comptable, d’un avocat ou d’un fiscaliste. Du fait que la société par actions crée une entité juridique distincte, celle-ci doit produire sa propre déclaration d’impôt annuelle.

L’incorporation n’est pas obligatoire. La décision dépend de chaque situation individuelle et doit être discutée avec un professionnel de la comptabilité ou de la fiscalité.

Pour des informations plus détaillées sur les aspects juridiques et professionnels liés à la pratique dans le secteur privé, vous pouvez consulter les documents suivants:

Le Projet de loi 10

La Loi limitant le recours aux services d’une agence de placement de personnel et à de la main d’œuvre indépendante dans le secteur de la santé et des services sociaux, également connue sous le nom de Loi 10, a été adoptée en avril 2023.

Elle apportera inévitablement des modifications significatives aux options dont disposent les infirmières, car elle a pour objectif principal de limiter l’utilisation de la main-d’œuvre indépendante et des agences de placement.

Elle confère au gouvernement le pouvoir de définir, par voie réglementaire, les conditions d’utilisation des services des agences de placement, notamment en ce qui concerne la durée pendant laquelle les établissements pourront y recourir et les tarifs horaires maximaux applicables.

Le projet de règlement a été rendu public en juillet 2023 par la Gazette officielle du Québec, et vous pouvez le consulter à cette adresse.

Selon ce règlement, voici les dates limites pour l’utilisation des services des agences de placement, en fonction des régions sociosanitaires:

  1. Le 20 octobre 2024 pour les régions de la Capitale-Nationale, de Montréal, de Chaudière-Appalaches, de Laval et de la Montérégie.
  2. Le 19 octobre 2025 pour les régions du Saguenay – Lac Saint Jean, de la Mauricie et du Centre-du-Québec, de l’Estrie, de Lanaudière et des Laurentides.
  3. Le 18 octobre 2026 pour les régions du Bas-Saint-Laurent, de l’Outaouais, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord, du Nord-du-Québec, de la Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine et du Nunavik.

Quant aux tarifs horaires maximaux prévus dans le règlement, les voici:

  • Infirmière, ASI: 71,87 $
  • Infirmière clinicienne, infirmière clinicienne ASI, IPS: 74,36 $
  • Infirmière auxiliaire: 47,65 $

Les avantages de travailler dans le secteur public

Salaire, flexibilité des horaires et conciliation travail-famille sont les avantages principaux cités par les infirmières ayant fait le saut vers le privé.

Il existe toutefois des avantages à travailler dans le secteur public.

Tout d’abord, la structure organisationnelle permet de garantir les heures associées à des postes. Cet aspect apporte une plus grande stabilité financière aux infirmières qui y travaillent en assurant leur revenu à long terme.

Le milieu public présente aussi un grand avantage pour les infirmières novices qui peuvent s’y voir offrir des postes sans avoir d’expérience préalable. Les programmes d’accompagnement y sont généralement bien construits et permettent de solidifier les apprentissages faits au cours de la formation.

La planification de la retraite est plus simple mais, surtout, est beaucoup plus avantageuse dans le secteur public. L’accès à un fonds de pension gouvernemental (le très prisé RREGOPRégime de retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics) apporte une paix d’esprit et assure des vieux jours confortables. 👴🏼

Pour conclure

Les milieux publics et privés présentent des avantages et des inconvénients qu’il importe de considérer lorsque vient le temps de choisir un milieu de travail.

Peu importe la décision que vous prendrez, assurez-vous d’avoir bien analysé votre situation individuelle et ce qui s’y prête le mieux.

À l’ère des réseaux sociaux📱, nous avons également le petit luxe de pouvoir obtenir une fenêtre sur la vie des gens.

Plusieurs infirmières offrent des témoignages intéressants sur leur expérience dans les milieux publics et privés sur les réseaux sociaux, alors n’hésitez pas à puiser dans leur expérience pour éclairer votre chemin. Des personnes telles que Enya Jaime peuvent s’avérer de véritables mines d’or d’informations sur la réalité des infirmières travaillant en agence.

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