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Le DEC-BAC en sciences infirmières : pelletage de nuages ou indispensable?

Mise à jour

Les États généraux de la profession infirmière, organisés par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, ont eu lieu les 20 et 21 mai 2021. Les 1 200 infirmières et infirmiers y ayant participé ont fait émerger différents thèmes et enjeux centraux de la profession. Parmi les plus controversés, on retrouve l’uniformisation de l’entrée à la profession par le baccalauréat (BAC) universitaire en sciences infirmières.

Présentement, le diplôme d’études collégiales (DEC) permet d’accéder à la profession et le baccalauréat n’est pas obligatoire. Par ailleurs, l’examen professionnel de l’OIIQ, qui permet l’obtention d’un permis d’exercer à titre d’infirmier ou d’infirmière, est le même pour les finissants des deux cheminements.

Le portrait de l’effectif infirmier 2019-2020 de l’OIIQ indique que 48 % des membres sont titulaires d’un baccalauréat en sciences infirmières, alors que 53 % sont titulaires d’un DEC et en voie d’obtenir un BAC.  Le cheminement DEC-BAC permet aux étudiants de compléter la partie universitaire en deux ans, alors que la formation initiale au BAC requiert 3 ans d’études.

Qu’est-ce qui encourage donc plus de la moitié des infirmières du Québec à poursuivre leurs études au niveau universitaire malgré le caractère non obligatoire de ce parcours?

La complexité des tâches et des soins

Les infirmières titulaires d’un BAC, aussi appelées infirmières cliniciennes, peuvent accomplir les mêmes tâches que les infirmières titulaires d’un DEC en plus de traiter des problèmes de santé plus complexes.

Elles sont généralement retrouvées dans des domaines spécifiques où ces soins plus complexes sont prodigués tels que les soins de première ligne, les soins critiques et les soins aigus.

Les tâches telles que la coordination d’équipes interdisciplinaires, l’enseignement, la supervision et la recherche leur sont plus souvent confiées, mobilisant les compétences d’autonomie et de leadership de façon plus poussée.

Bien que ces secteurs ne soient pas exclusivement réservés aux infirmières cliniciennes, elles ont tendance à y obtenir un meilleur taux de placement.

Le salaire des infirmières cliniciennes

 Taux horaireSalaire annuel
Infirmière24 à 37 $ / h46 800 à 72 150 $
Infirmière clinicienne25 à 45 $ / h48 750 à 87 750 $
Calculé en fonction de 37,5 heures de travail par semaine

Le salaire des infirmières cliniciennes est généralement plus élevé que celui des infirmières détenant un DEC, créant ainsi un attrait pour les études universitaires pour les étudiants et infirmières faisant leur entrée dans la profession.

Les possibilités de travailler dans les milieux aigus offre la chance de cumuler des primes bonifiant le salaire. Il en va de même pour la possibilité d’occuper des postes dans le domaine de la gestion et de l’enseignement avec une bonification de salaire.

Le taux de placement

Le taux de placement des infirmières cliniciennes est de 93 %, contre 85 % pour les infirmières titulaires d’un DEC.

Cela peut s’expliquer par la croissance de la demande d’infirmières cliniciennes pour des postes et demandes spécifiques dans le réseau de la santé. Cette tendance est visible depuis plusieurs années et se maintient.

La formation

La curiosité intellectuelle est également un motivateur important pour la poursuite des études au baccalauréat. Celui-ci permet d’approfondir les aptitudes en recherche, communication et interdisciplinarité, en plus d’affiner les connaissances en matière d’examen physique.

Il faut toutefois clarifier que le BAC en sciences infirmières est moins axé sur développement d’aptitudes techniques que le DEC, d’où la réputation souvent entendue de pelletage de nuages. Il permet plutôt de maitriser différentes approches et concepts tels que l’approche familiale systémique, l’utilisation des données probantes et la démarche éthique.

Le cheminement DEC-BAC demeure un choix personnel effectué par chaque infirmière. En fonction des modalités qui s’appliquent à chacun incluant le salaire, le taux de placement, le milieu de travail ciblé et la curiosité intellectuelle, il relève de chaque infirmier de faire un choix éclairé quant à son futur dans la profession.

Il importe de reconnaître l’investissement physique, émotionnel et monétaire que représente le cheminement DEC-BAC. Il est possible d’adapter l’intensité de cet investissement en choisissant une Université offrant un cheminement à temps partiel, à distance ou avec une approche d’apprentissage par problèmes.

Dans tous les cas, les discussions au sujet du BAC, du DEC, des différents cheminements et de l’utilité de celui-ci sont communes et risquent de demeurer des enjeux importants touchant à la profession.

Références

OIIQ. (2020). Rapport statistique sur l’effectif infirmier 2019-2020, Le Québec et ses régions, p. 23-24, https://www.oiiq.org/rapport-statistique-sur-l-effectif-infirmier-2019-2020-le-quebec-et-ses-regions